mes romans, mes historiettes, mon jardin
INGRATITUDE (Extrait de mon roman à paraitre)
Maria raconte:
« C’est un monsieur vieillissant qui a trimé toute sa vie pour réaliser la maison de campagne de ses rêves. Il acheta un grand terrain nu en pleine campagne et le clôtura avec des rangées de pins. Au milieu de la nouvelle propriété il fit construire sa maison et y habita avec sa femme tout aussi vieillissante. Ils étaient bien seuls, sans enfants et ce n’est que rarement qu’ils recevaient quelque visite familiale ou amicale impromptue. Ils ressentaient durement l’isolement, la solitude, eux habitués à la promiscuité et à l’encombrement de la ville qu’ils ont habité durant toute leur vie !
Non loin de la maison, serpentait un petit ruisseau qui traversait de long en large toute la propriété du vieux retraité. Ce dernier eut l’idée de construire un petit barrage sur le lit du ruisseau et de confectionner ainsi une retenue d’eau de sorte à en faire un tout petit lac ! L’idée était géniale et sa femme l’a encouragé à la mettre en pratique. Aussitôt dit aussitôt fait, moyennant quelques travaux et une coquette somme d’argent dépensée, le projet fut rapidement réalisé. Le décor, une fois planté en valait le coup !
Quelque temps après l’installation du couple dans leur nouveau foyer, le vieux considéra qu’il fallait donner de la vie à son nouveau petit lac et se mit à ramener des poissons qu’il introduisit dans l’eau. Ses poissons portaient tous un nom et le vieux en a fait son occupation favorite : Il les nourrissait, leur parlait, les comptait, les appelait. Il passait un temps fou à les entretenir avec l’aide de sa femme ! Le vieux couple était aux anges !
Le vieux ressentit, par la suite le besoin de construire un genre de débarras pour garder tout près de l’eau tout le matériel dont il avait besoin pour travailler dans les environs immédiats du lac, c’est à dire qui lui permettrait de trouver sous la main les ustensiles nécessaires sans aller les chercher fastidieusement à la maison.
Une cabane en dur, une maisonnette confortable avec un garage pour le matériel et un étage meublé pour une éventuelle sieste vit le jour rapidement.
Grâce à son lac et à sa cabane, le vieux et sa femme trouvèrent une occupation ludique mais après un certain temps la solitude et ce sentiment de manquer d’air refirent surface !
Un jour il dit à sa femme :
-Tu sais, la vie est vraiment tordue. Cette vie de château que nous permet la nature serait tellement la plus bienvenue pour un jeune couple. Imagine des jeunes ici en train de courir et de draguer, de roucouler et de s’attraper en s’ébattant joyeusement dans l’herbe, de chanter, de faire l’amour, de vivre quoi. Ce n’est guère le cas pour nous ! Oui, la vie est vraiment tordue! Quand nous avions la force et la bonne santé, nous manquions de moyens et maintenant que les moyens sont là, nous manquons de force et de santé.
Non ! Nous sommes trop seuls ici et alors il faudra soit revenir habiter en ville, soit trouver quelque locataire pour nous soutenir et nous aider, au cas où, Nous n’avons plus vingt ans, tu sais.
Peu de temps après, le vieux trouva bien quelqu’un en ville qui ferait l’affaire : c’est un couple de jeunes nouveaux immigrés heureux de trouver enfin où loger, tout dévoués et conscients de leur mission d’apporter un soutien au vieux couple de propriétaires qui s’engagea à ne recevoir au retour qu’un modeste et symbolique loyer !
Une fois bien installé, la première action du jeune locataire fut de confectionner une ligne pour pêcher à partir de la fenêtre de la cabane qu’il habitait désormais...... les poissons du lac que le vieux affectionnait tant et auxquels il avait donné un nom à chacun…..
Il pêchait et sa femme s'occupait de faire la cuisine ……..Jusqu’au jour où le vieux, de passage près de la cabane ; sentit une étrange odeur de friture de poisson…………. »
-Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Yiker qui ecoutait jusqu'alors, interessé, rigola sans retenue !
Maria, après avoir terminé de raconter sa petite histoire, s’étonna de la réaction de son mari qui n’arrêtait pas de se tordre de rire !
Elle ne dit rien et sortit en coup de vent, visiblement irritée par la réaction de son mari.
La différence de conception des choses de la vie les plus élémentaires, était là bien présente, flagrante au vu de la réaction spécifique de chacun des deux personnages, de bords différents, de cultures différentes.
L’une chagrinée par tant d’ingratitude était révoltée et l’autre trouvait matière à rigoler : de petites choses ajoutées à d’autres, qui conduisent inéluctablement à la séparation !
"petit à petit l'oiseau detruit son nid"(malheureusement)
ADOUR ABDELMADJID