VIVEMENT LA RENTREE !
Pour l’observateur averti, une route nationale, à l’inverse d’une grande autoroute est le lieu de toutes les études, de toutes les analyses.
C’est l’endroit idéal pour mieux connaître une société avec tous les bons cotés de son comportement mais aussi toutes ses tares !
Sur la route nationale n° 26 (Alger Bejaia), dans cette file incessante et bigarrée tout se transporte : de la marchandise diverse et variée aussi bien réglementaire qu’illicite, aux animaux
d’élevage, aux voyageurs dont les distinctions sont criantes.
On peut y apercevoir en voiture ou à l’arrêt, des gens en tenue afghane ou des gens en djellaba blanche et barbe longue comme on peut apercevoir des gens en culottes ou pantacourt et l’air
décontracté pour la bonne raison que c’est l’été et que c’est la période faite pour se détendre.
Parmi les femmes, il y a bien sur des femmes voilées, des femmes portant même des « burka »(c’est beaucoup plus rare) mais il y a aussi des femmes normales, des femmes quoi, avec tous leurs charmes
et toute leur douceur apparente !
C’est dire que sur la route nationale n°26, le choc des cultures orientale et occidentale est bien là palpable, concret.
Les deux antagonistes se disputent férocement mais de manière souterraine depuis au moins sept cent ans après JC la suprématie sur cette partie sud de la méditerranée et les malheureux autochtones
(Kabyles ou Imazighen), portés par ce vent ci puis par ce vent là ne savent pas quoi choisir pour certains !
Par ailleurs il faut souligner que les bonnes manières, le respect d’autrui et du code de la route ne sont, alors là, pas de mise sur cette route nationale n°26 digne de l’époque du Far West !! Il
y a de quoi être fier et jubiler !!
En cette période estivale, le mouvement est on ne peut plus démultiplié et autant il y a plus de monde qui se donne rendez-vous vers les plages et le littoral en général qu’il faut bien que la
logistique suive !
Tout ce beau monde a besoin de boissons pour se désaltérer ?
Des camions et des camions d’eau minérale en bouteilles, de jus, de crème glacée et autres boissons aussi bien alcoolisées que non accaparent cette fameuse route nationale jusqu’à y provoquer des
bouchons !
Tout ce beau monde doit manger à sa faim ?
Des camions frigorifiques aussi longs qu’imposants s’y mettent : il faut bien ravitailler les estivants et les restaurants n’arrêtent pas de servir aux heures les plus insensées !
Des vivres en abondance arrivent par la route et cette route nationale devient si fréquentée que ceux qui habitent en bordure sont soumis à un danger récurent !
Un camion transportant des veaux qu’il doit transférer je ne sais où a choisi de remplir sa mission en pleine journée et en cette canicule, thermomètre à 38°, la chaleur est si étouffante que les
pauvres bêtes doivent être bien à l’aise ! Je roulais derrière le camion et en regardant de plus près je remarquai que le dernier veau de la benne paraissait plus gros que les autres. Puis en me
rapprochant davantage je me rendis compte que parallèlement au veau en question, un gros mouton tout en laine souffrait le martyr, pris en sandwich entre le veau et la ridelle du camion !
Je voyais bien qu’à chaque mouvement du camion dans les virages le veau pesait de tout son poids sur le pauvre mouton qui apparemment allait se faire casser les cotes à coup sûr !
J’ai suivi le camion pendant une bonne distance et en réaction à la catastrophe qui se dessinait, je n’arrêtais pas de sonner et de faire des appels de phares au chauffeur pour qu’il s’arrête et
qu’il libère la pauvre bête !
Sans résultat !
Le chauffeur m’ignora complètement !
Je collais derrière le camion et moi-même je me sentais mal à l’aise en voyant ce spectacle d’une bête qui allait sûrement mourir là devant mes yeux ! Il a fallu une grosse secousse, car le camion
passait violemment sur un dos d’âne, pour que la donne change dans la benne du camion : le veau fut forcé de changer de position et très vite le mouton se libéra en passant de l’autre coté !
Après le dos d’âne je trouvais enfin le moyen de dépasser le camion et je vis un chauffeur tout aussi imbécile qu’heureux poursuivre comme si de rien n’était sa route au volant de son véhicule, je
lui mis le klaxon à fond pendant un bon moment, histoire de le réveiller et continuai ma route !
A l’heure qu’il est la route nationale n°26 se libère peu à peu. Les vacanciers repartent les uns après les autres et leur départ progressif fait que tous les livreurs et ravitailleurs diminuent
aussi pour laisser place à une circulation plus fluide !
Les bouchons, ce sera pour l’été prochain !
Qui aurait dit qu’un gosse pouvait traverser tranquillement la route nationale n° 26 comme il peut le faire dorénavant ?
Les vacances, c’est beau mais la rentrée aussi a de bons cotés !